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Par Frozenowl today 16 novembre 2017 2
Salut les Loustics!
Aujourd’hui, je vais vous narrer le récit d’un conte musical adapté d’une nouvelle adaptée elle-même d’un conte traditionnel. Nous sommes en 1986, et en cette époque reculée, il n’y a encore qu’une seule trilogie de Star Wars et le cinéma hollywoodien n’a pas encore pris l’habitude de recycler ad nauseam ses licences les plus juteuses.
Pourtant, c’est bien en cette année qu’un groupe d’artistes décide d’adapter en conte musical une nouvelle de Michel Tournier de 1979, « La Fugue du Petit Poucet », qui apparait dans le recueil « Sept contes » (on y trouve aussi Barbedor, la Mère Noël, la Fin de Robinson Crusoé, etc.). Prenant le contrepied de Charles Perraut, Tournier adapte à la mode hippie le conte bien connu, en renversant les rôles : Monsieur Logre est le gentil, tandis que le père du Petit Poucet joue le « méchant » de l’histoire (alors que dans le conte d’origine, il abandonne ses enfants dans la forêt pour ne pas les voir mourir de faim sous ses yeux, ce qui est quand même plus sympa).
Probablement inspirés par le « Emilie Jolie » de Philippe Chatel, les auteurs du conte musical font appel à une multitude d’artistes connus : on y retrouve ainsi Richard Gotainer, Alain Souchon, Fabienne Thibaut, Renaud, Jacques Higelin pour les plus connus. Entre les chansons, la narration est assurée par l’inoxydable Michel Drucker.
De fait, le vinyle est devenu un collector, rien que pour ses artistes! Les chansons sont pour la plupart très réussies et on pouvait entendre la plupart d’entre elles sur Muppies FM, sur Superloustic, et encore aujourd’hui sur SUPERLOUSTIC.COM : mais si vous ne connaissez pas le conte, je suis sûr que vous n’aurez pas deviné qu’elles faisaient partie du même album!
L’histoire, en revanche, oscille entre le bizarre, le déprimant et la leçon sentencieuse sur les bienfaits de Dame Nature.
Dans une ferme située dans une campagne printanière et bucolique vivent le Capitaine Poucet, commandant des bûcherons de Paris (sisi, ça existe: il y a trois arbres, donc il faut des fonctionnaires municipaux pour les couper), sa femme et leur fils, Pierre. Oui, un seul enfant, car contrairement au conte, l’autoritaire Capitaine Poucet suit scrupuleusement les instructions du planning familial.
L’histoire commence lorsque le hiérarque annonce à sa famille une joyeuse nouvelle : pour Noël, ils vont déménager au 23ème étage de la Trump Tower, avec électricité, eau courante, air conditionné, moquette allergène et tout le toutim! Et Richard Gotainer d’entonner : « Je suis le capitaine des bûcherons, j’aime les arbres en rondelles de saucissons ».
Mme Poucet, ménagère de moins de 50 ans, est moyennement convaincue mais elle finit par se ranger à l’avis de son mari et va faire la vaisselle. Fabienne Thibaut chante « D’accord d’accord pour le confort, d’accord d’accord mon mari d’accord, c’est toi le plus fort. ».
N’oublions pas, nous sommes en 1986 et les femmes n’ont pas encore le droit de vote.
Pierre, lui, voulait de nouvelles bottes pour Noël pour aller se promener dans la campagne, mais son père, habile stratagème, lui propose plutôt une télé couleur, car il sait ce qui est bon pour les enfants. Pierre chante qu’il ne veut surtout pas d’ascenseur, car ils lui font mal, mal, mal au cœur.
Il décide donc de s’enfuir en cachette. Contrairement au conte, il ne prend pas de petits cailloux blancs car il n’a pas l’intention de rentrer à la maison : mais avant de partir, il libère les lapins de leur clapier. Ceux-ci se mettent à entonner « C’est nous la compagnie des lapins bl… » (attends, euh… non, je me suis trompé de conte) « Lorsque l’on voit une tour grise, on la peint. Je la peins, tu la peins, on la peint : normal puisqu’on est des lapins. »
N’oublions pas, nous sommes en 1986 et l’humour se résumait à Jean Roucas et Michel Leeb. Laurent Ruquier n’avait pas encore inventé le calembour de qualité.
Pierre fait de l’autostop et finit par rencontrer un routier sympa joué par Renaud qui le prend en charge dans son poids lourd, car dans son rétro-rétroviseur, il est bien trop, bien trop rêveur. C’est effectivement un drôle de camionneur, puisqu’il finit par laisser Pierre sur le bord de la route en pleine nuit au milieu de la forêt de Rambouillet.
N’oublions pas, nous sommes en 1986, et tout le monde adorait l’Aventure des Ewoks, où des enfants se retrouvent seuls et abandonnés dans une forêt.
Pierre s’enfonce dans la forêt et, tombant de sommeil, il entend des bruits inquiétants et des hurlements lugubres. Michael Jackson surgit alors dans les ténèbres…
(Bon, il faut vraiment que je relise mieux mon script pour la prochaine fois…).
Non, Pierre rencontre sept petits filles qui l’emmènent dans le chalet de leur père, M.Logre, en chantant une drôle de comptine « Dans la maison de M.Logre, je me suis fait manger… un pied ».
M.Logre est plutôt sympa, en fait : il invite Pierre à manger et lui sort un menu tout droit extrait d’un catalogue Naturalia. Après le repas, il prend une guitare et la voix de Jacques Higelin pour chanter que quand ils étaient touts petits, Poucet et Logre étaient de grands amis qui s’éclataient à couper les espèces d’arbres les plus protégées pour bâtir des cabanes en bois. Il a cependant appris à aimer les arbres et finit par changer d’activité (probablement après avoir fait un séjour en cabane, justement).
Après une bonne nuit de sommeil, les flics débarquent (« 22, v’là les flics, envoyons la musique, ayons l’air naturel, jouons à la courte échelle. ») pour arrêter Logre, accusé de ne pas avoir envoyé ses filles à l’école. Mais avant de les suivre, Logre a le temps d’offrir à Pierre sa belle paire de bottes. Pierre ne semble pas surpris de voir son père derrière les gendarmes, et le Capitaine Poucet s’exclame « Ah, te voilà, toi, j’en étais sûr! Monte dans la voiture! »
(Euh, attends, attends, là, il faut qu’on m’explique parce que là, on dirait que l’histoire a été écrite par un scénariste de « 24 heures chrono » ou d’un film DC comics. Comment se fait-il que le Capitaine Poucet sache que Pierre est justement là, chez son ancien meilleur ami, situé à des kilomètres de sa ferme? Et pourquoi a-t-il été autorisé à suivre une opération de police dont l’objet n’a rien à voir avec la recherche de son gamin? N’oublions pas, on est en 1986 et Pierre n’a pas encore de tracker dans son smartphone!)
La fin est super : dans la Trump Tower, le Capitaine Poucet et sa femme regarde Patrick Sébastien à la télé tandis que Pierre est seul dans sa chambre. Il sort les bottes de dessous son lit, les enfile et se voit « comme un immense maronnier suspendu dans le ciel bleu ». Le narrateur nous explique qu’ « il est immensément heureux ».
Car oui, ce sont des bottes VR, qui simulent parfaitement la réalité, de sorte qu’on n’a plus besoin d’aller dans la vraie nature. Plus tard, Pierre s’achètera une PS4 et un Oculus Rift, et vivra comme un geek reclu, ce qui, en 1986, était donc considéré comme le sommet de l’épanouissement personnel. Happy End!
Les loustics, c’est tout pour cette fois-ci. Comme toujours, vos avis et souvenirs sur le sujet du jour sont les bienvenus! Pas d’excuse cette fois-ci : vous connaissez forcément ces chansons!
A la prochaine dans Nostaloustic, et bon week-end sur SUPERLOUSTIC !
today16 novembre 2017 2 Posté par : Frozenowl
Né en 1946, Jacques Cardona, commence sa carrière musicale sous le nom d’Apollo. Il fonde ensuite un groupe The Sweepers.
access_time Le 14/11/2024 à 18:44
Mariko Uranishi – Stardust Eyes (Samurai Troopers, les Samouraïs de l’éternel)Mariko Uranishi – Stardust Eyes (Samurai Troopers, les Samouraïs de l’éternel)
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