TOUT COMMENCE AVEC MUPPIES FM

Le concept d’une radio pour enfants voit le jour à Paris lors des fêtes de Noël de l’hiver 1986. La société Bravo Productions, spécialisée dans les conseils et productions audiovisuelles, dirigée par Denis Didelon, ex-responsable de Carol FM, crée des ambiances sonores pour les restaurants Hippopotamus. À l’occasion des fêtes de Noël, l’enseigne demande à Bravo Productions de réaliser une cassette de chansons et de génériques de dessins animés pour offrir aux enfants, une tâche confiée à Gilles Gressier (ancien responsable de Vitamine 7). Ce cadeau original est accueilli avec enthousiasme par les jeunes clients. Cette réussite incite Gilles et Denis à pousser l’idée encore plus loin en projetant de diffuser en FM une radio pour les enfants de 3 à 5 ans et leurs mamans sur Paris et sa banlieue.

Après avoir réfléchi au projet, imaginé le concept et recherché la musique appropriée, ils conçoivent MUPPIES FM, « la radio-récré » ! Un petit singe bleu portant un casque avec une antenne de radio sur la tête sert de logo. Pour mener à bien ce projet, deux nouveaux associés rejoignent l’équipe : Joël Pons, directeur de création chez Havas Conseil, et Frédéric Charbaut, journaliste de presse et ex-animateur de la radio Boulevard du Rock à Paris.

La toute nouvelle radio des enfants est lancée le soir de Noël 1986 sur le 102.8 FM à Paris et sa région. Elle diffuse en pirate depuis les studios de Bravo Productions, au 102 rue Robespierre à Bagnolet. En mars 1987, pour ne pas brouiller ses voisines, elle déménage sur le 89.6 MHz. Patrick Meyer, proche ami de Denis Didelon et fondateur de RFM, met à disposition de Bravo Productions son émetteur de Vélizy, dans les Yvelines (émetteur historique de RFM).

Une simple bande de 3 heures diffusée en boucle et un concept totalement novateur permettent très vite à MUPPIES FM de se faire connaître sur la FM. Elle programme, pour la première fois sur les ondes, des chansons pour enfants et des génériques de dessins animés. Le succès est immédiat. Le courrier envoyé à la radio dès ses premières semaines de diffusion est impressionnant : jusqu’à un millier de lettres par jour ! Quatre-vingt-dix articles de presse, trois télévisions et le bouche-à-oreille contribuent au succès de la radio.

Les jeunes auditeurs ne ratent pas une seconde de leurs programmes préférés. Ils sont encouragés à appeler la station pour voter et participer au « Kid Parade », le classement des meilleures chansons de la radio. On retrouve aussi des contes, des histoires, des feuilletons, des « Muppies info », des « mini-magazines » et des jeux. Il est aussi prévu le lancement d’un serveur Minitel avec des services et des informations pour les parents.

Très vite, face aux plaintes des radios autorisées et avec la redéfinition de la bande FM, l’organisme français de régulation de l’audiovisuel – la CNCL (Commission Nationale de la Communication et des Libertés) – fait savoir à MUPPIES FM que la station doit stopper immédiatement ses émissions. L’équipe s’empresse alors de déposer une candidature officielle. Elle est malheureusement rejetée par la CNCL : il n’y a plus de place sur la bande FM parisienne. Le président de la commission de régulation, Gabriel de Broglie, explique, tout en regrettant sa décision, que « ce genre de radio doit être privilégié dans le paysage radiophonique ».

MUPPIES FM s’arrête en avril 1987. Des demandes de fréquences sont déposées dans d’autres villes, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, en vain. Face à ces refus successifs de la haute autorité, l’équipe de MUPPIES FM projette à nouveau d’émettre sans autorisation. Reste à trouver un partenaire propriétaire d’une fréquence.